Hors normes
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Les jours de pluie sont toujours propices à la nostalgie ... voici donc l'occasion de vous faire découvrir la deuxième des quatre pages dont je parlais dans mon précédent post, c'était il y a 8 mois : récit des impressions laissées par ce voyage inoubliable au milieu des glaces ...
Voici le journaling:
" Partis de la base de Ny-Alesund, sur l’île principale du Svalvard (Spitzberg), dernière terre habitée la plus au Nord, où seuls viennent quelques scientifiques de passage issus de 60 nations, nous voilà prêts à vivre un voyage rêvé depuis longtemps.
Dotés du mode de déplacement le plus adapté l’été dans cette région du globe : le kayak de mer, d’un hébergement transportable et léger : des tentes, et d’une motivation sans faille, nous voilà partis pour un voyage hors du commun, un spectacle inoubliable, un été polaire.
C’est avant tout la prédominance du blanc et du bleu des glaciers à perte de vue formant des paysages grandioses et sans borne.
C’est ensuite un dépaysement total, à commencer par la notion même du temps car l’été polaire signifie le jour continu : pas de nuit ici durant près de 6 mois.
Le temps, sans limite, n’existe plus, laissant place à un sentiment de totale liberté.
Les journées ne sont plus rythmées que par la fatigue et par les tours de garde, car le Grand Nord est le territoire d’une des animaux les plus dangereux de la planète : l’ours polaire.
100% carnivore, il attaque à près de 30kms/heure et souvent par surprise.
Même si cette région n’est pas son territoire de prédilection à cette époque de l’année, la vigilance s’impose ; d’autant que quelques jours avant notre départ , l’un de ces grands prédateurs a été repéré sur la base de Ny-Alesund.
Hors de question de s’aventurer seul et encore moins sans fusil, obligatoire !
L’été polaire, c’est enfin le bruit, car ces grandes étendues d’eau et de glace ne sont pas silencieuses.
Il y a le bruit des glaciers, qui bougent et se cassent, vêlant sans cesse de nouveaux icebergs dans d’impressionnants éclats de coups de tonnerre ; le bruit des icebergs eux-mêmes, qui se brisent dans d’énormes craquements et se retournent sans crier gare, formant d’importantes vagues risquant de nous faire chavirer à tout moment ; et l’agréable cliquetis de la glace pilée dans laquelle nous sommes venus pagayer.
Sans oublier les glapissements discrets des renards arctiques, les battements d’ailes feutrés des sternes et autres pétrels, le glissement à peine audible des phoques, plongeant après s’être reposés sur les glaçons et le pas discret des rennes inquiets.
Souvenirs d’une immersion totale dans cette nature hostile mais magnifique, que nous sommes venus observer sans rien laisser de notre passage sinon quelques traces de pas ; souvenirs incomparables de cet été frais et venté, souvenirs inoubliables de ce voyage de noces magique."